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Résumé

L’histoire est connue : tout commence quelque part en Grèce antique, alors que logos et mythos se confondaient en une seule voix dans la parole sacrée (hieros), jusqu’à ce qu’au siècle de Platon, une méfiance philosophique provoque la séparation entre les légendes fabuleuses et la recherche de la sagesse. La philosophie n’a peut-être d’autre origine que cette méfiance à l’égard du mythos, méfiance fascinée cependant, qui maintient à distance en même temps qu’elle semble répondre sans cesse au chant des sirènes narratives, attachée au mat de la raison. Cependant, la narrativité, comme l’a montré Paul Ricoeur à maintes occasions, notamment à propos de l’histoire, cette autre discipline soupçonneuse, ne se limite pas au simple fait de raconter de la fiction. Il y a de la narrativité jusqu’à la limite de la pure syntaxe, pourrait-on dire. À partir du moment où les mots sont arrangés de façon à représenter un monde, parler de ce monde ne peut aller sans le présenter d’une certaine manière, sans lui donner une cohérence quelconque, c’est-à-dire en somme sans le raconter, ce dont ne se prive pas bien sûr la philosophie, ni l’histoire d’ailleurs, comme le soulignent heureusement depuis quelques décennies de nombreux historiens et non des moindres, que l’on pense à Michel de Certeau. La racine du fait narratif est ainsi enfouie beaucoup plus creux que ne le laissent croire les récits philosophiques d’affranchissement du narratif (dont il faudrait dresser un inventaire exhaustif, si la chose était possible). Mais affirmer cela, c’est du même coup prendre en compte l’inverse, à savoir que la racine philosophique est elle aussi très profondément enfoncée dans le terreau narratif et que le récit ne fait pas que raconter, il fait mieux : il pense en racontant. Ce dossier voudrait donc, à partir de quelques exemples, montrer ce double jeu de la pensée et du récit en examinant à l’œuvre la pensée se racontant ou le récit pris en flagrant délit philosophique.

Auteur

  • Éric Méchoulan (auteur)

    Éric Méchoulan est un spécialiste de l'esthétique et de l'épistémologie. Il a étudié le corps et la culture dans la littérature française du xviie siècle (Le corps imprimé. Essai sur le silence en littérature, Éditions Balzac, 1999). Ses recherches actuelles portent sur les moralistes, sur l'histoire matérielle des idées et sur le temps qui passe. Il travaille, dans un aller-retour entre philosophie et histoire, à mieux comprendre l'institution de l'esthétique et, en particulier, de ce que nous nommons « littérature ». Il a publié récemment Pour une histoire esthétique de la littérature (PUF, 2004), Le livre avalé. De la littérature entre mémoire et culture (PUM, 2004 ; prix Raymond-Klibansky, Mention spéciale du jury du prix France-Québec, finaliste du prix du Gouverneur général), Le crépuscule des intellectuels. De la tyrannie de la clarté au délire d'interprétation (Nota bene, 2005). Il a fondé et dirigé jusqu'en 2006 la revue Intermédialités.

Auteur(s) : Bruno Clement, Éric Méchoulan, Rémy Gagnon, Nathalie Watteyne, Sophie Létourneau, Benoît Castelnérac, André Duhamel, Étienne Beaulieu, Pierre Schoentjes, Thomas Carrier-Lafleur, Fanfan Chen, Patrick Fortin-Tillard

Caractéristiques

Editeur : Département des littératures de l’Université Laval

Auteur(s) : Bruno Clement, Éric Méchoulan, Rémy Gagnon, Nathalie Watteyne, Sophie Létourneau, Benoît Castelnérac, André Duhamel, Étienne Beaulieu, Pierre Schoentjes, Thomas Carrier-Lafleur, Fanfan Chen, Patrick Fortin-Tillard

Publication : 13 octobre 2016

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre numérique eBook [PDF]

Contenu(s) : PDF

Protection(s) : Marquage social (PDF)

Taille(s) : 1,93 Mo (PDF)

Langue(s) : Français

EAN13 Livre numérique eBook [PDF] : 9782920949461

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