Trois siècles : c’est l’âge tumultueux de la Presse marseillaise puis provençale dont les combats ne sont ni clos, ni définitivement victorieux. Conçue par la passion de « faire savoir » et le besoin de savoir, elle a mené sa première bataille pour naître. La seconde fut pour conquérir la liberté, la troisième pour établir la République. Tour à tour cible et arme elle s’est battue contre le pouvoir, mais aussi pour dresser son propre pouvoir. Il y fallait des stratèges, des chefs de guerre, des hommes d’envergure. Comment Gustave Bourrageas, puis Jean Fraissinet et Gaston Defferre et aujourd’hui Jean-Luc Lagardère ont-ils bâti leurs empires ? Pour s’attacher des lecteurs, étendre leur influence, accroître les recettes de vente et de publicité, quelles offensives, quels armistices, quelles alliances ? et pour combien de temps ? Voici l’heure des inquiétudes. Face au déferlement audiovisuel, aux satellites mondiaux et à l’effritement du lectorat, c’est le dilemme : périr seul ou s’unir, c’est-à-dire se fondre dans de vastes groupes. Les journalistes, dans cette histoire, que deviennent-ils ? Les archives, l’investigation sur le terrain, ont-elles tout livré ? Ils n’étaient pas trop de deux pour mener une telle enquête.